« Quand j’ai su que j’étais zèbre, je me suis dit « OK. Qu’est ce je fais de ça maintenant ? ». J’avais besoin de réponses, d’en discuter avec quelqu’un, de comprendre ce que pouvait m’apporter cette découverte. Le sentiment de devoir renouer avec cette part de moi-même était primordial. Et j’ai compris rapidement que rencontrer des gens comme moi était fondamental. Il y a tout d’abord eu un besoin d’appartenance à un groupe, pour après m’en défaire et être vraiment qui je suis. Juste qui je suis et ne plus rentrer dans une case. Pour moi, participer à des groupes de discussions zèbres est important pour me découvrir et me comprendre. »

« Quand tu ne sais pas que tu es surdoué, mais que tu commences à percevoir des éléments à ce sujet, tu es rattrapé par ça un jour ou l’autre (…). C’est vraiment l’image, car à chaque fois que j’ai voulu enterrer le truc, j’étais rattrapé par ce questionnement et j’y repensais. Il faut oser, c’est important, oser franchir le pas, car dès lors que le questionnement personnel est là, nous sommes légitimes. La légitimité de ce questionnement est là et ce questionnement n’a pas à être remis en cause. Les professionnels spécialisés savent accueillir ça. Ils savent réconforter, accompagner. En tous cas, ce n’est pas de leur côté qu’il faut redouter ou craindre quelque chose. Et si j’ai un regret, c’est de ne pas m’avoir fait confiance au moment où je me posais la question. »

« En deuxième et troisième année de psycho, nous nous entrainons à passer des tests et le prof m’a fait passer le WAIS entièrement. Il m’a donné le score et j’ai dit « Oui, bien sûr, vous avez raison! Il n’y aurait pas un soucis par hasard, vous avez dû vous planter non ? ». La semaine d’après, il m’a fait passer le WISC, le test des enfants, pour voir ce que ça donnait et je me suis retrouvée avec un score de 149 et là encore je me suis dit « Oui, c’est normal, c’est pour les enfants donc le score est faussé. » C’était en 2009. Depuis j’ai avancé là-dessus mais, sur le coup, je n’y croyais pas une seconde »

« J’ai souvent entendu que les surdoués, HP, zèbres… c’est Einstein, Mozart… sauf que non, pas forcément. Il y a une espèce de tabou sur le sujet, surtout en entreprise où on m’a plusieurs fois fait remarquer d’éviter le sujet. Les gens me trouvent bizarre et me le disent souvent, de façon plus ou moins délicate. Déjà, je suis une femme qui travaille en informatique, ce qui n’est pas courant »

« À vingt ans, je n’avais pas vraiment de recul sur ma vie. Mais à partir de trente, j’ai commencé à identifier plus facilement les schémas répétitifs qui jalonnaient mon existence. Je trouve que l’un des plus évidents et contraignants est celui en lien avec le travail. Peut être parce que j’y investis beaucoup de temps et d’énergie. La période la plus longue durant laquelle je suis restée à un poste, c’est 3 ans 1/2, en me forçant. Et au bout de 2 ans, j’étais devenue une sorte de zombie. »

« J’ai tellement eu le sentiment de ne pas être comprise que je pense qu’à un moment, je n’ai plus cherché à dire qui je suis. Ce qui a désormais changé, c’est que je suis plus attentive à rencontrer des personnes comme moi, aussi car cela vient me nourrir et c’est tellement bon, juste bon de pouvoir exister là, sans avoir besoin de se justifier sur son mode de fonctionnement. »

« Maintenant que j’ai cette donnée de qui je suis, pourquoi devrais-je me cantonner à un seul truc alors que je peux mener de front plusieurs projets. Nous ne sommes pas obligés de choisir ! J’ai une machine à coudre que j’ai achetée il y a 2 ans. Je l’ai ressortie il n’y a pas longtemps et je fais mon jardin la journée. Mon mari me disait « Tu pars dans tous les sens, n’importe quoi, tu ne finis même pas un truc… ». Mais en fait si, je le fais juste en plusieurs étapes. J’ai le sentiment de finir tout ce que je commence. »

« Me poser toujours 36000 questions, c’est ce qui caractérise essentiellement mon mode de pensée ! J’essaie depuis quelque temps de trouver des stratégies de contournement pour ne pas être trop polluée par ces questionnements incessants. Généralement, je pense à quelque chose une fois, puis l’idée part dans les tréfonds de ma mémoire et ne ressurgit généralement que trop tard. Je note les choses que je dois faire dans une application « Rappels » pour ne rien oublier. »

« C’est un peu le problème de se poser des questions philosophiques pour tout et rien, pour des choix à faire. J’ai de grosses difficulté à faire des choix. Pour caricaturer : quand j’ai à choisir entre un pain au chocolat et un croissant, très vite, de fil en aiguille, je vais me demander quel est le sens de la vie. Et du coup, plutôt que de faire des choix, j’abandonne, je ne choisis pas. J’ai une espèce de fuite en avant. C’est une procrastination déguisée. »